Cette année, comme chaque année, je suis allée chercher mon sapin chez Robert...
Robert, il a planté des épicéas dans un talus, il y a plusieurs années. Et il en plante encore un ou l'autre, de temps en temps, dans les trous laissés par ceux qui ont rejoint l'une ou l'autre chaumière.
C'est une expédition et un bonheur que je ne manquerais pour rien au monde !
Dûment équipée et chaussée, je suis Robert, tronçonneuse à la main, qui s'en va d'une allure toujours gaillarde vers le dit talus.
Ensuite vient la question du choix. On passe d'un sapin à l'autre... j'apprécie la disposition des branches, j'estime la hauteur, Robert la corrige (toujours à la hausse!), et cette année, voilà que je tombe nez à nez avec ... un Douglas !
Le Douglas est un conifère cher à mon coeur car je pense bien que c'est le premier que j'ai pu reconnaître. Je devais avoir 3 ou 4 ans et j'étais fière de pouvoir le nommer quand on le croisait lors des balades dominicales familiales !
Il est d'une douceur ! Ses aiguilles au revers argenté ne piquent pas, elles ressemblent à des plumes ! Et le parfum... je voudrais que vous sentiez ça ! Il embaume !
Oui mais ce Douglas-là, il fait bien... 4 mètres de haut !
Qu'à cela ne tienne, Robert, armé de sa tronçonneuse qui toussote, crachote puis se met en branle, me le rabat à la hauteur souhaitée.
Mais cette année, il a vu grand Robert ! Mon sapin est un géant !
Gentleman jusqu'au bout, il le cale dans la voiture et attache le coffre avec une corde de chanvre.
Puis vient le moment que Robert, je crois, attend avec la plus grande impatience : "Vous prendrez bien une petite goutte ?" (traduction : un p'tit pèket ou en français, un petit verre d'alcool de genièvre).
C'est là que Simone, la femme de Robert, intervient : " Madame préfèrera sûrement un café!"
Attablés, lui devant sa p'tite goutte, moi devant mon café, on parle du temps qu'il fait, de ses petits-enfants qui grandissent, "des enfants qui sont tous aux études sans doute ... Mon dieu que le temps passe !"
Une fois payé le sapin (10 euros ! je suis tellement gênée de ce prix dérisoire que je lui en donne 15), on se souhaite les bons voeux, Robert me raccompagne à ma voiture, me guide dans les manoeuvres (!) et me recommande la plus grande prudence. Je vous l'ai dit : un vrai gentleman !
"A l'année prochaine !"
C'est certain, je ne louperais pour rien au monde mon rendez-vous avec Robert...
Je suis arrivée à bon port, sans encombre.
A la tête des enfants, j'ai compris qu'ils étaient définitivement persuadés que leur mère avait un grain de folie ! J'en suis ravie !